Nous partimes, je montai à cheval, afin de caufer avec celui avec qui j'avois diné. Nos Voiturins firent merveille, en moins d'une heure nous fumes à Plaifance, grande & belle Ville, fituée dans un Pais charmant, & bien cultivé, ayant le Po au Nord, la petite riviere de .... (Nure) à l'Eft, & celle de Trebia à l'Oueft. Nos deux Peres Espagnols s'étoient chargés d'un paquet pour le P. Prieur de notre Couvent, & ils cajolerent fi bien leur Voiturin qu'il les y conduifit. Nous les fuivimes, j'étois defcendu de cheval avant d'entrer dans la Ville, & j'avois congé de l'Ingenieur, qui paffoit outre, & ne fuivoit pas notre chemin. Le Prieur fit apporter du vin mufcat très-bon, nous bumes un coup fans nous affeoir, & remontames en caleche. Tout ce que je remarquai dans ce Couvent, c'eft qu'il fe fentoit d'avoir fervi de Magazin. Les peintures du cloitre etoient fort gatées. On avoit brulé une partie des portes & des fenetres, & les Religieux qui portoient impatiemment ces defordres, n'étoient point du tout dans les fentimens de Maestro Fabricio de Bologne. Nous vimes en paffant dans une des places les ftatues équeftres d'Alexandre, & de Ranuce Farnefe Ducs de Parme. Elles font de bronze; elles me parurent belles autant qu'en peut juger un homme en caléche qui va au grand trot.
Nous quittames prefqu?à la porte de la Ville le grand chemin Romain, qu'on appelle la Via Emilia, & nous primes fur la gauche, pour gagner les Apennins que nous devions paffer, pour arriver à Genes, qui étoit le terme d'un voyage qui m'ennuyoit fort.
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